Le groupe Altares, spécialiste de l’information sur les entreprises, a publié son étude annuelle sur les défaillances et sauvegardes d’entreprises en France, le 21 janvier dernier. Ainsi, l’année 2024 se termine sur un record historique avec 67 830 procédures ouvertes, marquant une hausse de 17 % par rapport à 2023.
L’enquête sur les défaillances d’entreprises en France, publié par Altares révèle que le dernier trimestre 2024 a été particulièrement marquant avec 18 709 défaillances enregistrées, soit « un sommet historique » selon les auteurs. Bien que la croissance du nombre de procédures ralentisse en fin d’année (+10 % contre +17 % sur l’ensemble de l’année), ces chiffres témoignent de la fragilité persistante des entreprises françaises, notamment les PME-ETI de plus de 50 salariés (+30 %).
Thierry Millon, directeur des études Altares, souligne que cette situation est exacerbée par l’incertitude économique et le poids des dettes liées aux prêts garantis par l’État (PGE). En décembre 2024, 37 milliards d’euros restaient à rembourser par les TPE et PME, dont 4 % craignent de ne pas pouvoir honorer leurs échéances.
Des secteurs sous tension
Certains secteurs sont particulièrement touchés. L’industrie manufacturière (+75 %), le commerce de gros (+76 %) et le transport routier (+59 %) affichent des hausses alarmantes des défaillances. Le secteur social souffre également, avec une augmentation de 113 % dans l’action sociale sans hébergement.
Malgré ces difficultés, certains domaines montrent des signes de résilience. Les entreprises de moins de trois ans enregistrent une hausse de défaillances limitée (+5,5 %). Le bâtiment se stabilise, soutenu par le gros œuvre (+3 %), et le commerce de détail bascule dans le vert, notamment grâce à l’alimentaire (-11 %) et à l’optique (-22 %).
Les régions les plus affectées
La situation varie selon les régions. La Normandie enregistre la pire tendance (+31 %) régionale du trimestre avec 865 entreprises défaillantes. Mais la région la plus impactée reste l’Île-de-France avec près de 16 151 défaillances sur l’année, suivie par l’Auvergne-Rhône-Alpes (8 777) et la Nouvelle-Aquitaine (6 173). En revanche, certaines régions comme la Corse (-16 %) et la Bourgogne-Franche-Comté (-5 %) montrent des signes encourageants.
Une année 2025 sous haute surveillance
Avec une croissance économique attendue à seulement 0,9 % en 2025, le risque d’un effet domino sur les partenaires commerciaux reste élevé. Le retour des recouvrements forcés par l’URSSAF pourrait accentuer les tensions. "Les retards de paiement ont augmenté de 1,5 jour en moyenne en 2024, atteignant 14 jours, un niveau record depuis la crise sanitaire", précise Thierry Millon. Si le pic des défaillances semble atteint, la fragilité structurelle des petites entreprises pourrait maintenir ces niveaux élevés en 2025. Dans ce contexte, les entreprises devront redoubler d’ingéniosité pour concilier croissance et maîtrise budgétaire, tandis que les partenaires économiques resteront vigilants face aux risques commerciaux.
Des signaux positifs au 4ᵉ trimestre
L’enquête fait ressortir de bonnes surprises à travers les jeunes entreprises de moins de 3 ans qui résistent à +5,5 % et le secteur du bâtiment qui tient debout grâce au gros œuvre avec la maçonnerie (+3 %). L’agroalimentaire performe également, en particulier la boulangerie (+3 %) ainsi que le commerce de détail qui s’en sort, porté par l’alimentaire (-11 %), l’optique (-22 %) et les pharmacies (-14 %).
Samorya Wilson