La CSRD n’est pas une simple obligation réglementaire : c’est une invitation à innover

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Une Tribune de Nicolas Letavernier, Directeur du Développement France chez Workiva, une plateforme de reporting d’entreprise, ESG, d’audit et de gestion des risques.

La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) impose aux entreprises européennes une exigence inédite : intégrer la transparence et la responsabilité au cœur de leur stratégie d’entreprise. En demandant une divulgation détaillée des pratiques liées à l’environnement, au social et à la gouvernance dans leurs rapports de gestion, elle redéfinit la notion de performance. Désormais, il ne s’agit plus seulement de résultats financiers, mais d’une vision globale de leurs impacts et engagements.

La mise en application de la CSRD révèle des obstacles structurels, technologiques et organisationnels. Des processus cloisonnés aux outils dépassés, les défis sont nombreux. Pourtant, ceux qui sauront transformer ces contraintes en leviers stratégiques se positionneront comme des pionniers de la durabilité et de l’innovation.

Des barrières structurelles et technologiques majeures

Le principal frein à l’application de la CSRD réside dans les silos organisationnels. Selon le rapport Forrester, 57 % des organisations identifient ces cloisonnements comme une entrave majeure au partage d’informations entre les départements ESG, financiers et d’audit. De plus, 53 % peinent à centraliser des données ESG éparpillées, ce qui compromet l’harmonisation et la fiabilité des rapports.

Cette fragmentation alourdit la charge de travail des équipes. Encore aujourd’hui, 61 % des entreprises dépendent de processus manuels et d’outils déconnectés, entraînant des retards, des erreurs et des frustrations croissantes. Dans ce contexte, la double matérialité - qui consiste à évaluer l’impact des activités de l’entreprise sur son environnement et vice-versa  - devient un défi de taille. 46 % des dirigeants peinent à l’appliquer. Réussir cette transition exige une visibilité accrue, une gouvernance renforcée, une collaboration fluide entre départements et un accompagnement solide des équipes.

Moderniser pour dépasser ces défis

Les technologies actuelles sont dépassées face aux exigences de la CSRD. En effet, 84% des décideurs jugent leurs systèmes de reporting obsolètes, et seulement 9 % pensent qu’ils répondront encore aux besoins auxquels ils seront confrontés d’ici 18 mois. Cette dépendance aux outils manuels entrave l’efficacité des équipes et multiplie le risque d’erreurs.

Adopter des plateformes intégrées est désormais incontournable pour centraliser les données, automatiser les processus et éliminer les silos. Ces solutions offrent une vision unifiée des risques et des performances ESG, transformant le reporting en un levier stratégique plutôt qu’une contrainte administrative.

Transformer les défis en leviers stratégiques

Malgré ces obstacles, la CSRD constitue une opportunité majeure pour les entreprises prêtes à évoluer. Un reporting précis et transparent renforce l’image de marque et répond aux attentes croissantes des investisseurs et consommateurs. En modernisant leurs outils et en renforçant la collaboration entre les départements, les organisations peuvent obtenir une visibilité globale sur leur performance et leur impact, anticiper les risques émergents et saisir de nouvelles opportunités de croissance. Celles qui relèveront ces défis se démarqueront comme des acteurs de la durabilité, capables de s’adapter aux évolutions du marché et aux exigences à venir.

La CSRD n’est donc pas une simple obligation réglementaire, mais une invitation à innover. En adoptant des technologies avancées et une gouvernance efficace, les rapports ESG deviennent un puissant levier de différenciation et un moteur de croissance durable. Cette transparence imposée peut propulser les entreprises vers un avenir où durabilité et compétitivité se renforceront mutuellement.

N.L.

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