Rencontre avec Erwan Lirin, Président de BM&A, un groupe d’Audit et de Conseil, composé de professionnels expérimentés qui apportent des solutions adaptées aux entreprises, notamment aux ETI qui n’ont pas toujours les ressources nécessaires.
Le Monde du Chiffre : Pouvez-vous nous présenter BM&A et ses principales activités ?
Erwan Lirin : en quelque sorte, nous sommes un peu un condensé des Big Four, en termes d'expertise. Notre particularité réside dans le fait que nous sommes des professionnels très expérimentés, chacun dans son domaine de spécialité. Nous intervenons sur des missions nécessitant des équipes capables de s’adapter rapidement aux problématiques des entreprises. Nous avons quatre grands pôles d’activité : premièrement, l’audit, qui représente environ 25 % de notre activité ; deuxièmement, le conseil financier, qui comprend des opérations d’évaluation financière, cession, restructuration, expertise judiciaire, etc. ; en troisième lieu, le conseil et le support opérationnel qui consiste à accompagner les directions générales et financières sur des projets d’intégration, de carve-out, d’optimisation de processus ou de systèmes d’information ; et la quatrième activité couvre la maîtrise des risques et la compliance, incluant le contrôle interne et l’audit interne.
Par ailleurs, nous avons développé une activité d’édition de logiciels à travers notre filiale SixthFin. Notre solution, Geofficiency, est une plateforme SaaS dédiée à la digitalisation de l’audit et du contrôle comptable.
LMC : Quels sont les grands enjeux actuels qui impactent vos clients ?
E.L. : nos clients sont préoccupés par trois enjeux principaux à savoir : la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui impose des normes de reporting extra-financier pour les grandes entreprises à partir de 2025-2026, la facturation électronique, qui entrera en vigueur au 1ᵉʳ septembre 2026 et les évolutions des réglementations comptables. Ces sujets représentent des contraintes importantes pour les entreprises, tant en termes de coûts que d’organisation. Notre rôle est d’apporter des solutions adaptées, notamment aux ETI qui n’ont pas toujours les ressources nécessaires.
LMC : S’agissant de la CSRD, quelles sont vos solutions pour aider les entreprises à se préparer à ces nouvelles obligations ?
E.L. : nous intervenons en tant que commissaires aux comptes détenteurs du visa durabilité pour certifier les rapports. Nous avons formé nos équipes pour répondre aux exigences de la CSRD. Nous avons également la qualité d’OTC (Opérateur Tiers de Confiance). Nous accompagnons aussi les entreprises, en tant que conseil, pour la mise en conformité. Il faut savoir que nous proposons des solutions adaptées aux ETI, avec une mutualisation des expertises et une optimisation des coûts.
Cela dit, je constate que certaines entreprises ne sont pas encore préparées, malgré l’urgence de l’entrée en application de la CSRD. Il est vrai que le contexte économique actuel complique la donne : entre le contexte mondial, l’inflation et la pression réglementaire, il est difficile de tout gérer en même temps.
LMC : Face à l’impréparation de certaines entreprises, considérez-vous qu’il faudrait ralentir la mise en œuvre de la CSRD ?
E.L. : en effet, je pense qu’il serait judicieux d’étaler les échéances ou d’adapter les obligations d’information à la taille des entreprises pour leur permettre de s’adapter. Il y a de vrais enjeux de compétitivité et parfois de survie. Mettre trop de pression risque de détourner les entreprises de leurs opérations essentielles. Cependant, je comprends aussi les arguments de ceux qui estiment qu’il ne faut pas ralentir en raison du dérèglement climatique.
LMC : Quels autres défis voyez-vous à court terme pour les entreprises ?
E.L. : à court terme, je vois plusieurs défis majeurs, comme le renouvellement des outils de reporting avec la fin de maintenance des solutions SAP BFC, pour les directions financières d'ici à 2030. Par ailleurs, l’incertitude du contexte géopolitique reste également une préoccupation majeure. C’est une situation qui exige des entreprises une agilité accrue. Ainsi, elles doivent disposer d’outils performants pour prendre rapidement les bonnes décisions face aux événements imprévus.
LMC : BM&A rencontre-t-il des difficultés de recrutement comme beaucoup d’autres acteurs du secteur ?
E.L. : non, car notre projet reste attractif. BM&A est un cabinet à taille humaine, offrant une diversité de missions qui attirent des profils variés. Nos équipes bénéficient d’une grande autonomie et participent à des projets passionnants pour des grands groupes. Cela nous permet de recruter entre 80 et 100 personnes par an, qu’il s’agisse de profils juniors ou très expérimentés.
LMC : Pour finir, quels sont les objectifs de BM&A pour 2025 ?
E.L. : nous n’avons pas d’objectifs chiffrés. Notre priorité est de servir au mieux nos clients en adaptant constamment nos compétences à leurs besoins. La croissance est une conséquence naturelle de cette approche. Nous travaillons particulièrement sur l’expérience client pour atteindre l’excellence.
Propos recueillis par Samorya Wilson