IA : nouveau visage des cabinets comptables ?

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Une tribune de Thomas Bourgeois, Co-Fondateur de Dhatim.

La digitalisation des cabinets est toujours au cœur des débats du Congrès des experts-comptables. Si cette modernisation nécessaire est déjà bien avancée dans certains domaines, comme celui des interactions avec l’administration fiscale, la saisie comptable, elle, est à la traîne. En cause ? La double difficulté que représente l’automatisation de la capture des flux de l’entreprise et l’affectation comptable qui en découle. Une chose est sûre, les cabinets qui parviendront à relever ce défi prendront un avantage décisif !

La valorisation des flux de l’entreprise au cœur de l’expertise comptable

En sa qualité de premier réceptacle des informations business, l’expert-comptable se positionne au cœur des flux de l’entreprise. La technologie lui donne aujourd’hui des moyens pour valoriser ces derniers et ainsi enrichir sa pratique. Déchargé d’une partie des tâches chronophages grâce aux algorithmes, il fait évoluer son métier au bénéfice de ses clients.

Reste un domaine qui se refusait encore à cette modernisation : la saisie, qui représente pourtant entre 30 et 70 % de l’activité des cabinets, selon leur taille. Bien sûr, il existe des logiciels comptables pour traiter les flux, mais quid des documents (factures, notes de frais, etc.) qui parviennent au professionnel dans des formats hétéroclites ? L’expert-comptable ou son assistant doit alors, manuellement, s’assurer de récupérer l’ensemble de ces informations, puis en reporter chaque ligne dans un logiciel (nom du fournisseur, dates d’échéance, montant total…). Un travail de fourmi, épuisant et qui, une fois accompli, se poursuit avec l’attribution de l’affectation comptable.

Bref, un vrai casse-tête à automatiser ! À moins d’y glisser un peu d’IA…

La confiance : un préalable indispensable à la digitalisation des cabinets

Pour qu’une solution de saisie automatisée soit pertinente, la condition préalable est qu’elle puisse garantir l’exactitude du traitement. Ainsi, la fiabilité de l’ensemble de la prestation de saisie, de l’acquisition à l’attribution, doit être de 100 %. C’est à cette seule condition que la confiance entre l’homme et la machine pourra s’instaurer. Une confiance qui se traduit par la suppression de l’étape de vérification. Le professionnel n’a plus à reprendre le travail de l’algorithme au moindre doute.

La bonne nouvelle, c’est que de telles solutions existent aujourd’hui. Ces nouvelles plateformes, dotées d’algorithmes d’IA matures et performants peuvent ainsi intervenir sur l’ensemble du parcours de la saisie sans aucune intervention humaine. Si elles conduisent à une forme d’externalisation de cette fonction, cette dernière n’est que partielle, puisqu’en réalité tout reste sous le contrôle de l’expert-comptable. Enfin, ces solutions disposent, à chaque étape du traitement, d’un ensemble de programmes de contrôle, garantissant le résultat. À la moindre erreur signalée, le comptable interviendra pour la corriger.

L’IA : co-pilote de la pratique comptable

Dans cette approche, l’assistant chargé de la saisie est amené à disparaître au profit de personnes clés, que l’on pourrait appeler des entraîneurs d’IA comptable et dont la mission sera de participer à l’apprentissage de l’algorithme. Ce sera notamment le cas sur la partie de l’affectation comptable, qui nécessite une réelle expertise métier, que seul un professionnel du chiffre maîtrise et peut donc enseigner à une machine.

Cette étape va forcer le cabinet à repenser sa pratique pour aller vers une plus grande homogénéisation. En effet, l’algorithme prend en considération les affectations comptables qui lui ont été inculquées lors de son apprentissage. En revanche, l’IA est incapable de prendre la bonne décision ou de proposer une affectation correcte si elle a reçu des informations contradictoires. Or, les comptables exercent généralement de manière isolée. Il existe peu de mutualisation des informations entre collègues d’un même cabinet. Une solution de saisie automatisée va mettre en lumière cette grande hétérogénéité de pratiques et offrir une vue d’ensemble au dirigeant du cabinet. La mission de ce dernier consistera alors à les homogénéiser, de façon à nourrir l’IA de la façon la plus pertinente possible.

Une mue lente, mais inéluctable

Si elle demande un temps d’adaptation, ces technologies « intelligentes » se généralisent dans les cabinets. En déchargeant les professionnels de tâches peu stimulantes, elles leur libèrent du temps pour devenir de réels partenaires business de l’entreprise.

De plus, avec l’arrivée de nouveaux concurrents digitalement natifs, la réduction des coûts de traitement devient un impératif qui rend cette automatisation inéluctable ! À cette contrainte de ressources s’ajoute celle de l’attractivité d’un métier qui ne fait plus rêver. Se doter d’un outil de traitement de la saisie est clairement un argument pour attirer les jeunes talents dans son cabinet.

Demain, la révision comptable ou encore le rapprochement bancaire profitera à son tour de l’IA. Il faudra toutefois une bonne dizaine d’années encore avant que le secteur n’opère totalement sa mue digitale. Mais celle-ci, et c’est une certitude, se fera au profit d’un métier réinventé et valorisé.

Thomas Bourgeois, Co-Fondateur de Dhatim

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