Egalité professionnelle dans les cabinets : interview des co-présidentes d'AFECA

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andrieux-cavalliTrois questions à Marie-Ange Andrieux et Marie-Dominique Cavalli, co-présidentes d’AFECA (Association des Femmes Diplômées d’Expertise Comptable Administrateurs), à propos du lancement d’une charte en faveur de l’égalité professionnelle dans les cabinets d’expertise comptable.

Qu'entendez-vous par une "promotion différente" de l'égalité des chances ? De quelle façon comptez-vous promouvoir la parité ?

Marie-Ange Andrieux : Le CSOEC s'est engagé de longue date sur la valorisation des entreprises et des organisations par les actifs immatériels dans des travaux que j'ai eu l'honneur de piloter: le capital humain est au cœur de cette économie du futur, catalysée par le numérique. Promouvoir l'égalité professionnelle par un modèle équilibré de valorisation de toutes les composantes du capital humain, femmes et hommes, est en soi une démarche originale. Cette différence est renforcée par un engagement direct et volontaire des cabinets, qui dans une stratégie flexible, adaptée à leur taille, leurs métiers et leur culture, peuvent combiner de façon innovante les bonnes pratiques d'égalité professionnelle valorisant les collaborateurs comme les cabinets. Dans cette approche, les valeurs font la valeur.

Marie-Dominique Cavalli : L’égalité professionnelle est une question d’équité, mais pas seulement : c’est également une source de valeur. Après un investissement important dans la formation initiale et des diplômes en poche, la capitalisation dans l’entreprise, le cabinet, apparaissent comme des aboutissements logiques. En misant sur la valorisation du capital humain, nous attribuons à l’épanouissement personnel une fonction de levier dans l’efficience des entreprises. Par exemple, la concrétisation de l’égalité des chances, c’est mettre en œuvre les conditions, y compris les conditions matérielles, pour assurer un équilibre entre vie privée et vie professionnelle. C’est une question qui concerne tout le monde, femmes comme hommes, et c‘est un enjeu central aujourd’hui de performance des entreprises. Si les femmes y sont particulièrement sensibles, par leur rôle de mères, ce qui est en ligne de mire, pour tous, c’est le bien-être, la fidélisation, la motivation et par là-même l’accroissement des performances.

Quels sont vos objectifs concrets d'ici la fin 2015 ?

Marie-Ange Andrieux : D'abord, avec le soutien du CSOEC, susciter dans notre communauté professionnelle une adhésion à la démarche avec la signature de nombreuses conventions par des cabinets de toutes tailles et de stratégies métiers diverses. Ensuite, sur la base de l'enquête réalisée par AFECA auprès des 4.900 femmes experts-comptables en profession libérale, ayant permis d'identifier trois piliers fondateurs de l'égalité professionnelle, chacun assorti d'actions concrètes, la plateforme collaborative qu'AFECA a mis en place devra alimenter cette dynamique par le partage de bonnes pratiques opérationnelles. Notre objectif est de diffuser un guide de l'égalité professionnelle par la valorisation du capital humain sur le premier semestre 2016. L'originalité sera de réussir à mettre en synergies la stratégie et l'organisation des cabinets, l'engagement des institutions de la profession, l'accompagnement d'un réseau comme AFECA.

Marie-Dominique Cavalli : Grâce au travail collaboratif que nous mettons en place, ce guide viendrait en soutien de la charte du cabinet, pour favoriser sa mise en œuvre. Nous espérons faire des propositions concrètes de bonnes pratiques, en alliant la réflexion à l’expérience, peut-être par des témoignages, de réussites comme d’échecs, la présentation d’astuces, sur ce qui marche ou au contraire qu’il ne faut pas faire, par exemple en matière de télétravail.

Quelles actions envisagez-vous sur le long terme et à quels résultats aspirez-vous ?

Marie-Ange Andrieux : Sur le long terme, nous souhaitons innover par une égalité professionnelle qui, au travers de la mise en place de pratiques opérationnelles appropriées, aboutissent à un "capital carrière" équivalent pour les hommes et les femmes sur la durée de leur vie active, quel que soit le profil de courbe de leur évolution. Par ailleurs, puisque nous savons travailler en processus de partage co-créatif avec nos clients, une dissémination informelle de notre expérience pourrait enrichir notre écosystème. Enfin, parce que la performance se doit d'être éthique, il nous parait important de nous insérer dans les actions de place sur l'égalité professionnelle pour mettre au service de la collectivité les externalités positives que l'investissement de notre profession aura pu générer.

Marie-Dominique Cavalli : Sur le long-terme, il y aura une démarche d’amélioration continue et, fortes de notre expérience, nous pourrions effectivement accompagner nos entreprises clientes qui le désirent sur le même chemin.


Propos recueillis par Andrea Batignani

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