Laurent Fournier : "Je reste convaincu que l’institution a un réel rôle à jouer, indispensable pour rapprocher les confrères et trouver des solutions amiables en cas de litiges."

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laurent-fournierInterview de Laurent Fournier, Président du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables de Bourgogne Franche-Comté.

Pouvez-vous nous rappeler les axes fixés en début de mandature ?

Nous avions construit notre mandature autour de trois axes forts. En effet, fin 2012, nous nous sommes retrouvés face à une conjoncture compliquée pour les entreprises et donc, par extension, pour les cabinets, mais nous étions également face à des évolutions réglementaires lourdes pour la profession qui ont obligé les confrères à s’adapter ; je pense notamment à la suppression du démarchage ou à l’ouverture totale de la communication. Fort de ce constat, nous avions pris l’engagement de mettre à disposition des confrères des outils afin qu’ils puissent s’adapter et préserver leur marché mais surtout qu’ils puissent faire de ces évolutions des opportunités. Cet engagement est devenu l’axe majeur de notre mandature. Le second axe s’est concentré sur l’arrivée de la génération Y en face d’une profession qui vieillissait. L’enjeu était donc de prendre en compte la culture de ces jeunes, de comprendre leurs attentes sur le marché et de faire en sorte qu’ils s’intéressent à la profession. Nous avions là un vrai sujet d’attractivité que ce soit auprès des étudiants mais aussi des jeunes diplômés. Enfin, avec une économie numérique de plus en plus prégnante, le troisième enjeu pour l’institution, mais aussi pour les professionnels de l’expertise comptable, était de s’approprier les nouvelles technologies.

Quel bilan tirez-vous de ces deux premières années ?

Pour répondre à notre premier axe, consacré aux évolutions de la profession, nous avons créé un club « Actu pro », accessible gratuitement, et qui propose, aux confrères, 5 à 7 réunions par an sur des thèmes qui sont liés à l’exercice professionnel : les réseaux sociaux et la maîtrise de son image numé- rique, l’exercice illégal, les FEC, la DSN, la lettre de mission…

Le Conseil régional a également travaillé sur des campagnes d’affichage grand public, renforcées par une campagne radio, pour sensibiliser le public à l’existence des illégaux. Par ailleurs, nous avons signé deux conventions de partenariat avec les chambres régionales de commerce et d’industrie afin de sensibiliser les consulaires à l’existence des illégaux et qu’eux même communiquent auprès des entreprises. Nous avons également décidé de faire un réel travail de répression, notamment en recourant à des détectives privés, en systématisant les visites domiciliaires…

En termes d’attractivité, nous avons identifié trois cibles : les jeunes à l’orientation (préadolescent), les bacheliers / Bac+2, qui ont encore des possibilités d’orientation et les diplômés que nous devons garder dans la profession. Pour les plus jeunes, nous avons organisé un « business Game » sur l’ensemble des deux régions académiques. Cette manifestation, qui comptait 950 participants, nous a permis de tisser des liens avec les inspecteurs d’académie et de faire des enseignants de véritables ambassadeurs de la profession. Le Comité attractivité a également créé des vidéos témoignages, à destination des étudiants, qui mettent en scène de jeunes experts- comptables, experts-comptables stagiaires, ou collaborateurs lors de missions décalées. L’objectif de ces vidéos est de montrer que l’expertise comptable n’est pas seulement un métier technique mais surtout un métier de contacts, d’ouverture et de spécialisation.

Le Conseil régional a également mis en place une opération à destination des jeunes diplômés en réflexion sur leur devenir professionnel, le speed meeting installation ; cette manifestation s’est déroulée en deux phases : le témoignage de trois jeunes professionnels, l’un en installation ex-nihilo, l’un en association, et le dernier en rachat, suivi d’un temps d’échanges avec des confrères sur les questionnements que peuvent avoir ces jeunes professionnels : le financement en cas de rachat, les actes juridiques pour un projet d’association… L’idée étant que chacun puisse s’exprimer librement dans un respect évident de confidentialité. Cette manifestation a eu indirectement un double impact puisqu’elle a permis de mettre en relation des acquéreurs avec des vendeurs potentiels de cabinets.

Enfin, concernant le numérique, nous avons été l’une des premières régions à développer une application annuaire numérique ; pour continuer sur cette lancée, le Conseil régional a décidé de recruter, pour un temps imparti, une personne en charge du développement des réseaux sociaux, qui a créé les comptes Facebook et Twitter de l’institution, mis en place une charte d’utilisation et formé deux permanents en charge du « community management » sur ces deux vecteurs de communication. Avec l’appui du Club Actu pro, nous avons également proposé, aux confrères de la région, des réunions consacrées à la dématérialisation, la sécurité informatique, la DSN…

Quelle touche personnelle Avez-vous apportée à cette mandature ?

En parallèle de nos sessions, j’ai instauré une journée complète de réflexion avec les élus du Conseil régional. Ces journées sont organisées autour d’ateliers sur des thèmes prédéfinis, avec comme objec- tifs d’échanger et de développer des pistes de réflexion. Nous avons par ailleurs signé, en début de mandature, une charte que s’engagent à respecter les élus mais aussi les permanents du Conseil régional.

En tant que président de l’Ordre, avez-vous été confronté à des situations auxquelles vous ne vous attendiez pas ?

Pas vraiment ! Lors de la dernière année de Rémy Seguin, mon prédécesseur, nous avions décidé de faire en sorte que je m’intéresse davantage aux litiges
sujets régaliens ; j’étais alors en charge de la commission Communication donc loin de ces préoccupations. Néanmoins, je suis toujours un peu surpris du nombre croissant de litiges entre confrères. Nous avons traité sur la première année quasi- ment autant de litiges confrères que sur l’ensemble de la mandature précédente. Je pense que cette augmentation est la résultante de l’évolution de nos textes et notamment de la suppression du démarchage ; nous avons vu apparaître des nouveaux comportements de démarchage actif, qui créent naturellement des tensions. Je reste convaincu que l’institution a un réel rôle à jouer, indispensable pour rapprocher les confrères et trouver des solutions amiables.

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