Les défaillances d’entreprises en France au plus bas depuis vingt ans

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Le nombre de défaillances d'entreprises a baissé de 7,8% sur un an au deuxième trimestre 2017, selon la dernière étude du cabinet Altares.

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L’économie réelle consolide son redressement avec 13.000 défaillances d’entreprises enregistrées (-7,8% par rapport au 2ème trimestre 2016), selon l'étude du cabinet Altares publiée en juillet 2017.

A leur tour, les plus petites entreprises emboitent enfin le pas d’une reprise plus solide. Cette meilleure conjoncture favorise le maintien de l’emploi ; Si encore 40.500 emplois sont menacés sur ce 2ème trimestre, c’est un plus bas sur la décennie.

"Après les tendances clairement favorables de 2016, ce premier semestre 2017 conforte le recul de la sinistralité des entreprises sur des rythmes encore dynamiques. Mieux ! Si en 2016 et début 2017 la reprise semblait encore chaotique, voire illusoire pour les plus petites entreprises, le printemps veut sonner enfin pour elles aussi le retour de commandes plus régulières. Ce regain d’activité se traduit par une trésorerie moins élastique pour les micro-entreprises qui souffrent traditionnellement d’une fragilité financière structurelle. Elles peuvent ainsi mieux faire face aux problématiques clients, telles que les retards de paiement. Tout n’est pas durablement réglé, mais davantage de cash dans les petites entreprises, c’est très directement moins de liquidations judiciaires prononcées par les tribunaux." résume Thierry Millon, directeur des études Altares.

Seulement 13.000 défaillances ; l’amélioration s’accélère.

2017 avait débuté par un premier trimestre tombé pour la première fois depuis 2008 sous le seuil des 16.000 défaillances. Le deuxième trimestre accélère encore et ramène le nombre de procédures ouvertes juste sous les 13.000.
Plus précisément, 12.925 jugements ont été enregistrés au cours du deuxième trimestre, soit une baisse de 7,8% par rapport au même trimestre 2016. 8.724 entreprises (-9,8%) ont été placées en liquidation judiciaires, 3.913 en redressement judiciaire (-2,9%) et 288 (-12,2%) en sauvegarde. Pour la première fois depuis 2012, plus de 30% des jugements prononcés sont des ouvertures de redressement judiciaire, signes que les entreprises se présentent devant le tribunal avec une situation financière non définitive permettant à ce dernier d’envisager une solution de rebond par continuation ou cession.

Des petites entreprises plus résistantes.

Les entreprises de moins de trois salariés sont naturellement les plus nombreuses à déposer le bilan mais elles-aussi s’inscrivent, ce deuxième trimestre, sur de bonnes tendances après un premier trimestre stable voire hésitant. Moins de 10.000 micro structures (9 397) sont tombées en défaillance, c’est 6,7% de moins en comparaison du même trimestre 2016 et le meilleur chiffre depuis 2010.
D’une façon générale, les défaillances reculent à un rythme proportionnel à la taille de l’entreprise. La baisse est ainsi de 10% pour les TPE de 3 à 10 salariés, 13% pour les PME de 10 à 49 salariés et même 34% pour celles de 50 à 99 salariés. Seules les sociétés de plus grande taille, au-delà de 100 salariés, présentent une évolution défavorable (+11%). Ces dernières représentent seulement une trentaine de sociétés, soit un volume qui demeure faible après un deuxième trimestre au plus bas sur 10 ans. 20% de ces sociétés ont évité la liquidation judiciaire.

Le nombre d’emplois menacés au plus bas sur la décennie.

La propagation de cette meilleure résistance de l’ensemble des entreprises, notamment des plus petites, sécurise l’emploi. En moyenne sur cinq ans, chaque premier trimestre menaçait plus de 51 000 emplois du fait des défaillances ouvertes. Sur ces trois derniers mois, 40 500 emplois directs sont placés en sursis, soit 3,1 emplois par entreprise en moyenne. Il s’agit du meilleur chiffre sur la décennie (47.000 en 2016 T2 et 48.000 en 2008 T2).

La plupart des activités sont dans le vert.

La construction s’inscrit toujours sur une forte dynamique (-17%) dans la quasi-totalité des corps de métier.
Le commerce de détail, à la peine en début d’année, est bien situé ce deuxième trimestre (-5%) notamment dans le bricolage et équipement du foyer (-19%) mais aussi l’habillement (-8%).
L’industrie manufacturière reste bien orientée (-4%) en dépit de tensions dans la fabrication de structures métalliques et revêtement des métaux.
Si les services aux entreprises s’inscrivent sur une bonne dynamique (-10%), c’est plus compliqué pour l’informatique & édition de logiciels (+11%)
Le transport routier de marchandises reste bien orienté (-6%), tandis que les services de transport demeurent dans le rouge (+21%) essentiellement dans le transport routier de voyageurs (taxis).
La restauration poursuit son redressement (-9%), notamment la restauration traditionnelle (-14%).
La situation se détend dans les services aux particuliers (-7%).
Parmi les autres activités à destination du consommateur, la santé humaine est fragile (+49%) notamment chez les infirmiers. Les professionnels de l’enseignement de la conduite dérapent à nouveau fortement (+85%) mais aussi les activités sportives (+47%). En écho à ces mauvais chiffres, nous constatons une augmentation du nombre de défaillances d’associations (+6%) et de professions libérales (+18%).
Les chiffres restent défavorables dans l’agriculture (+19%) en particulier dans l’élevage (+55%).

L’analyse de Thierry Millon

Attention à ne pas commencer la rentrée en devant courir après les règlements clients !
Le retour des clients dans le B2B comme le B2C dégage l’horizon commercial des entreprises et offre des ressources financières permettant de consolider l’investissement, notamment dans les TPE. Ces dernières restent toutefois prudentes quant à la robustesse de ce retour d’activité et franchissent pas à pas les jalons d’un renforcement des structures. Le chiffre d‘affaires revient, les marges s’améliorent mais les trésoreries sont toujours sous surveillance dans les TPE. Or l’équilibre de trésorerie ne peut être un objectif suffisant ; disposer de cash est indispensable pour, a minima, rester à flot lorsque qu’un incident logistique ou commercial se présente. L’été est traditionnellement propice à une moindre vigilance sur le règlement des factures, alors attention à ne pas commencer la rentrée en devant courir après les règlements clients !

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