La BCE affirme que les conditions de financement se sont légèrement assouplies au T3 2024

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Les résultats de l’enquête de la Banque centrale européenne sur l’accès au financement des entreprises dans la zone euro au troisième trimestre 2024, publiée le 7 octobre dernier, indiquent que le resserrement de la politique monétaire a modérément augmenté les coûts d’emprunt durant cette période. Mais les entreprises restent prudentes quant aux perspectives économiques à venir.

 

La dernière étude relative aux conditions économiques et de financement des entreprises (Survey on the Access to Finance of Enterprises -SAFE-) de la BCE, réalisée entre le 2 septembre et le 15 octobre 2024, souligne un ralentissement de l'augmentation des coûts d'emprunt en raison des effets modérés de l’ajustement de la politique monétaire. La demande pour les prêts bancaires a légèrement baissé, tandis que la disponibilité des prêts a peu changé, réduisant ainsi l’écart de financement.

Les conditions de financement restent resserrées

Au troisième trimestre de 2024, moins d'entreprises ont signalé une hausse des taux d'intérêt bancaires par rapport au trimestre précédent, bien qu'elles continuent de noter un léger resserrement des autres conditions de prêt. Seulement 4 % des entreprises ont indiqué une augmentation des taux d'intérêt bancaires, en nette baisse par rapport aux 31 % du deuxième trimestre 2024 et aux 43 % du premier trimestre 2024. Cependant, 30 % des entreprises (contre 28 % le trimestre précédent) ont signalé une augmentation d'autres coûts de financement, tels que les frais, charges et commissions, et 14 % ont rapporté un durcissement des exigences de garanties (contre 11 % le trimestre précédent).

S’agissant de la disponibilité des prêts bancaires, la proportion nette d’entreprises ayant constaté une amélioration de la disponibilité des prêts bancaires était de 1 %, en baisse par rapport à 2 % au trimestre précédent. Cette stabilisation est principalement due aux grandes entreprises, dont 2 % ont observé une amélioration de la disponibilité des prêts (contre 4 % au deuxième trimestre 2024), tandis que les PME, en moyenne, n'ont rapporté aucun changement. Ce faible changement dans la disponibilité des prêts bancaires correspond aux normes de crédit inchangées rapportées dans l'enquête de prêt bancaire pour la même période, après plus de deux ans de resserrement successif.

Peu d'entreprises ont demandé des prêts bancaires

Au troisième trimestre 2024, la part des entreprises ayant demandé des prêts bancaires était de 17 %, en baisse par rapport à 19 % au trimestre précédent, avec 13 % pour les PME et 25 % pour les grandes entreprises.

Par ailleurs, le principal motif pour lequel certaines évitent de solliciter un prêt bancaire est leur niveau de fonds internes, jugé suffisant pour leurs plans de développement. Environ 54 % des entreprises ont cité cette raison, en légère hausse par rapport aux 51 % de l’enquête précédente, et ce motif est davantage invoqué par les grandes entreprises que par les PME. Selon l’enquête, sur le long terme, les obstacles de financement sont systématiquement plus élevés pour les PME que pour les grandes entreprises.

Des chiffres d'affaires qui peinent à décoller

Au cours des trois derniers mois, seules 7 % des entreprises ont rapporté une augmentation de leur chiffre d'affaires, légèrement en baisse par rapport aux 8 % observés au deuxième trimestre 2024. La hausse du chiffre d'affaires est principalement observée chez les grandes entreprises.

Les entreprises de la zone euro continuent de signaler une détérioration de leurs bénéfices, cette tendance s’étant même accentuée par rapport au trimestre précédent. Cette baisse est plus marquée chez les PME, avec un solde net de 15 % signalant une diminution des profits, contre 6 % chez les grandes entreprises.

Les pressions sur les coûts sont restées importantes, notamment en ce qui concerne les coûts des matériaux et de l'énergie ainsi que les coûts de main-d'œuvre.

De la même manière, le nombre d'entreprises rapportant une augmentation de leurs investissements au cours des trois derniers mois a diminué. La part nette des entreprises signalant une hausse de leurs investissements est tombée à 7 % au troisième trimestre 2024, contre 9 % au trimestre précédent.

Pour le trimestre à venir, les prévisions d'investissement sont également pessimistes, en particulier chez les PME. Seules 3 % des PME prévoient une augmentation de leurs investissements au cours du prochain trimestre, contre 14 % des grandes entreprises.

Des prévisions d'inflation en baisse

Selon la BCE, depuis la collecte initiale des données sur les attentes d'inflation des entreprises en juin 2023, la structure des prévisions est en pente descendante, indiquant que la période de forte inflation est perçue comme de courte durée. Cependant, les dernières enquêtes montrent que les entreprises maintiennent des prévisions d'inflation à un an légèrement plus élevées que les taux d'inflation observés.

Ainsi, les prévisions d'inflation médianes des entreprises dans la zone euro continuent de baisser, atteignant 2,9 % pour les horizons à un, trois et cinq ans.

Cependant, 46 % des entreprises estiment qu'il est probable que l'inflation à cinq ans soit supérieure à leurs prévisions, en baisse par rapport aux 50 % du trimestre précédent, tandis que 41 % jugent les risques équilibrés, en hausse par rapport aux 37 % en juin 2024.

Les perspectives économiques générales vues comme un frein au financement

Un plus grand nombre d'entreprises considèrent les perspectives économiques générales comme le principal obstacle à l’accès au financement externe, comparé à la précédente enquête. Au troisième trimestre 2024, un solde net de 20 % des entreprises a déclaré qu’une détérioration des perspectives économiques générales avait réduit la disponibilité du financement externe, contre 12 % au trimestre précédent.

Dans cette enquête, les grandes entreprises sont plus pessimistes que les PME concernant l'impact des perspectives économiques générales sur la disponibilité du financement externe. En effet, une proportion nette de 22 % des grandes entreprises a signalé cet impact négatif, comparé à 19 % des PME.

Toutefois, s’agissant des perspectives pour l'avenir, les entreprises restent optimistes, avec un solde net de 18 % prévoyant une augmentation de leur chiffre d'affaires dans les trois prochains mois, bien que ce chiffre soit en baisse par rapport aux 25 % du trimestre précédent.

Samorya Wilson

Les Annuaires du Monde du Chiffre