Congrès ECF : les experts-comptables et l'indépendance numérique

Institutions
Outils
TAILLE DU TEXTE

Les experts-comptables sont-ils sur le point de rater le virage de la digitalisation ? L'ont-ils déjà raté ? La première conférence du Congrès virtuel ECF 2020, portant sur l'indépendance numérique, revient sur cette question avec quatre intervenants : Jean-Philippe Desbiolles, Vice-Président d'IBM Watson Group, Jean-Luc Flabeau, Président d'ECF, Lionel Canesi, Président de l'Ordre des experts-comptables PACA et Jean Saphores, Vice-Président du Conseil supérieur en charge du secteur innovation et technologie.

A la question de savoir si l'état d'urgence vis-à-vis de l'indépendance numérique est déclaré ou non, Jean-Philippe Desbiolles ne fait pas dans la demi-mesure : c'est une réalité et les experts-comptables sont sur le point de rater le coche.

Selon lui, la profession d'expert-comptable a tous les atouts pour prendre toute la mesure de la digitalisation, mais elle doit agir dès maintenant. L'intelligence artificielle et la data touchent des métiers qui possèdent un fort savoir-faire et des savoirs très pointus, ce qui correspond parfaitement à la profession comptable. D'autant que les professionnels possèdent d'ores et déjà les données nécessaires à la transformation numérique de la profession.

Il indique d'ailleurs que la profession comptable est très bien organisée et structurée : elle a toutes les ressources humaines pour réussir. Mais il faut avancer rapidement et sans hésiter.

Jean Saphores abonde dans le même sens : les clients attendent la profession sur la digitalisation car cela a un intérêt énorme pour eux.

De leur côté, Jean-Luc Flabeau et Lionel Canesi tentent de tempérer le constat, tout en avançant les progrès déjà réalisés. Selon eux, si l'urgence est réelle, il faut aussi prendre en compte les risques existants. Jean-Luc Flabeau indique par exemple que le risque d'une relégation pour la profession existe, notamment pour les petits cabinets qui avancent probablement moins vite sur cette question que les grands.

Mais tant ce dernier que Lionel Canesi le reconnaissent : si les experts-comptables ne répondent pas à cette urgence, d'autres acteurs étrangers à la profession vont arriver sur le marché.

Jean-Philippe Desbiolles indique d'ailleurs que les leaders mondiaux du tourisme et des taxis, à savoir Airbnb et Uber, ne possèdent ni hôtel ni taxi : le risque pour les experts-comptables de se faire rattraper par des acteurs totalement étrangers à la profession est donc tout à fait réel.

Il ajoute par ailleurs que le cadre réglementaire protecteur dont bénéficient les experts-comptables ne durera pas éternellement, d'autant que celui-ci n'est pas entre les mains de la profession… D'où l'intérêt d'agir rapidement.

Lionel Canesi indique à titre d'exemple que des actions ont déjà été menées dans sa région, à savoir le repérage et le soutien à certaines startups intéressantes pour la profession, avec une aide délivrée, voire une entrée au capital de celles-ci à terme.

Ce qui confirme ce que les autres intervenants pensent : la profession comptable doit être partie prenante des futures innovations qui concernent les experts-comptables.

Et tous les intervenants sont d'accord sur ce point : il y a une urgence à la digitalisation de la profession, qui apportera énormément à la profession et aux entreprises clientes des experts-comptables. La preuve en a été apportée pendant la crise sanitaire, où les cabinets déjà en avance sur la digitalisation ont été avantagés.

Raphaël Lichten