Europe : une zone en reprise sous la menace des populismes

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Trois enseignements de l'étude Grant Thornton "Future of Europe" : la confiance des entreprises est à son plus haut depuis presque 2 ans, la montée des populismes est identifiée comme la principale menace émergeante et le Brexit ne constitue pas une menace pour les décideurs qui souhaite une plus grande intégration économique au sein de l'Union européenne.

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Grant Thornton, groupe leader d'audit et de conseil en France et dans le monde, publie son étude trimestrielle intitulée "Future of Europe", extraite de l'enquête International Business Report (IBR), menée auprès de 922 décideurs d'entreprises de taille intermédiaire dans 15 pays de l'Union Européenne, au cours du premier trimestre 2017. Le rapport IBR atteste d'une embellie significative du moral des dirigeants qui est à son plus haut niveau depuis presque deux ans. Ils sont ainsi 43% à se déclarer optimistes au 1er trimestre 2017 contre 37% en fin d'année 2016. Les raisons de ce regain significatif sont multiples : l'assouplissement des politiques d'austérité, la stimulation de la demande par la Banque Centrale Européenne, les crédits à taux bas et la baisse conjuguée du prix de l'énergie et de l'Euro. Une tendance positive qui se traduit par une reprise des investissements, une augmentation des dépenses des ménages et une baisse du chômage dans la zone.

La montée du populisme est une menace

Les menaces relatives à la stabilité économique des affaires diminuent par rapport à 2016. Si la principale inquiétude porte sur les faibles perspectives de croissance au sein de la zone (20,5%), les niveaux élevés de dette publique (17,2%) et la montée des populismes (20,3%) apparaissent comme des inquiétudes en forte progression. Les résultats des élections en France, en Autriche et aux Pays Bas ont rassuré les décideurs mais ils demeurent inquiets sur le risque politique de long-terme. Les échéances politiques en Allemagne et la perspective, au Royaume-Uni, d'une majorité conservatrice en faveur d'un hard Brexit, sont surveillées de près par les entreprises de la zone. En parallèle, les craintes relatives à l'immigration, au taux de chômage et aux risques de déflation sont en recul.

Le Brexit ne remet pas en cause l'avenir de l'Union européenne

A la question "quel impact aura le Brexit sur l'Union Européenne ?", un décideur sur douze répond que la sortie du Royaume-Uni aboutira à une dissolution nette de l'Union (8%). Un ensemble de 43% se détache et se compose d'avis estimant que ce processus n'aura aucun impact (25%), voire qu'il renforcera l'union des états membres (18%). Réponse directe la plus significative, 38% des sondés estiment que le Brexit entrainera une Union à deux niveaux. Cet état d'esprit révèle d'une part un optimisme pour un accord qui ne renverrait pas automatiquement le Royaume Uni vers un statut de membre indépendant de l'OMC et d'autre part, un doute sur la capacité de l'Union à poursuivre de la même manière. En d'autres mots, des concessions, peut-être importantes, devront être faites.

Concernant les négociations relatives aux accords commerciaux, 45% des décideurs allemands estiment que le gouvernement britannique et l'Union Européenne aboutiront à un accord mutuellement bénéfique, contre 39% au Royaume-Uni. Plus globalement, les dirigeants adoptent une attitude ambivalente sur cet enjeu crucial : 31% sont pessimistes et 24% sont confiants. Plus du quart (26%) ne sont pas en mesure de trancher à ce stade et 6% n'ont pas d'avis marqué.

Vers une plus grande intégration économique de l'Union avec au premier rang : la fiscalité

Les dirigeants des pays interrogés sont relativement partagés sur la question de l'intégration au sein de la zone. Une première majorité se prononce en faveur d'une plus grande intégration économique (63%) alors qu'une seconde majorité ne souhaite pas d'intégration au plan politique (56%) (figure 3). Si cette volonté des décideurs trouve un écho favorable dans l'élection d'Emmanuel Macron, il conviendra d'être attentif sur le plan de l'intégration politique où la France (24%) semble être sur une position bien différente de son principal partenaire, l'Allemagne (55%). Dans le domaine économique, l'harmonisation de la fiscalité au sein de la zone semble être la prérogative principale des décideurs (53%). Une volonté qui fait consensus en Italie (70%), Espagne (66%), France (64%) et Grèce (62%), au contraire de l'Irlande (94%), l'Estonie (78%) et des Pays-Bas (66%) qui estiment qu'il revient à chaque Etat de fixer son taux d'imposition.

Enfin, alors que les décideurs pourraient être inquiets des impacts à moyen-terme, un large consensus se dessine pour le soutien au projet européen à long terme. 92,1% déclarent ainsi vouloir rester au sein de la zone, alors que seulement 4,2% souhaiteraient pouvoir la quitter.

"L'élection présidentielle française, la perspective de reconstitution du moteur franco-allemand et le Brexit, sont des réelles opportunités de consolidation de la croissance européenne. Aux décideurs des entreprises de saisir ce vent d'optimisme pour relancer leurs stratégies d'investissement afin de poser les jalons d'une reprise pérenne" conclut Daniel Kurkdjian, Président de Grant Thornton France. 

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